Comme tous les mois, Sophie Boudarel de La Gazette des ancêtres nous propose un thème généalogique à creuser et à partager sur nos blogs. Il s’agit de l’opération Généathème, dédiée ce mois ci aux ancêtres ayant exercé un métier d’art.
Cet article sera ma troisième participation. Il fait suite à un premier généathème dédié à un objet transmis au sein de la famille, puis un autre dédié au Généalogie30.
Mais quel métier d’art choisir ?
Tout d’abord, qu’appelle-t-on un métier d’art et quels sont les métiers qui s’y rapportent. Si, de prime abord, la liste semble réduite, il y en a finalement plus de 200 recensés sur le site de l’institut National des Métiers d’Art.
Cela m’a permis de constater que, finalement, j’avais plusieurs exemples dans ma généalogie.
Je n’ai pas choisi un métier en particulier mais plutôt un ancêtre. Son nom m’est apparu dés la lecture de la thématique. Au delà du métier d’art, cet ancêtre (que je n’ai évidemment jamais connu) occupe une place spéciale dans mon coeur (j’y reviendrais plus tard).
J’ai donc choisi de vous parler de Pierre Demilly.
Mais quel métier d’art exerçait donc ce Pierre : Il était joueur de violon dans le Pas de Calais au tout début du 18ème siècle.
Ce Pierre : Qui était il ?
Il est à priori né en 1673, je ne connais pas avec exactitude sa naissance ni son baptème. La date de 1673 est calculée et je n’en connait pas le lieu.
On voit par contre, avec la carte ci-dessous, que les événements de sa vie sont centrés dans un triangle autour de Desvres dans le Pas de Calais.
Son mariage première source officielle
C’est l’acte de son (premier) mariage qui nous distille les premières infos sur Pierre. En effet, le 27 février 1696, celui-ci, dont l’âge se situe autour de 23 ans convole avec Jeanne Martin à Desvres.
On peut le voir sur l’acte ci-dessous, les informations restent toutefois très partielles.
Nous n’y apprenons pas grand chose, si ce n’est qu’ils ne savent signer ni lui, ni elle.
De cette union naîtra une petite fille, Madeleine, le 23 novembre 1696.
Malheureusement, sa naissance correspondra au décès de Jeanne puisqu’elle sera inhumée au cimetières de Desvres, le 27 Novembre suivant.
Son acte de sépulture, vient compléter l’union puisqu’on y apprend l’âge de Jeanne : 31 Ans. Pierre était donc 8 ans plus jeune que sa première épouse.
Un second mariage avec quatre enfants
Il laissera passer la fin de l’année pour, dés le mois de Janvier 1697, convoler à nouveau. C’est cette fois à Cremarest qu’il épouse Catherine Delannoy (ou Lannoy). A nouveau, il y a un écart d’âge significatif, Pierre est âgé de 24 ans et Catherine de 33 ans.
Il n’y a pas beaucoup de nouvelles informations dans cet acte de mariage.
De cette seconde union, naitront quatre enfants.
- Jean Baptiste (o 1/12/1697 + 4/09/1743)
- Pierre (o 1699 +19/04/1744)
- Antoine (o 1703 +1764)
- Catherine Marie (o 1706 +1788)
Puis, son épouse Catherine décédera à son tour, certainement peu après la naissance de sa dernière fille également prénommée Catherine.
Je n’ai pas (encore ?) trouvé l’acte de sépulture de Catherine Lannoy.
Et un dernier mariage pour découvrir le métier d’art
Un nouvel acte de mariage, le 15 novembre 1706, scelle une nouvelle union avec Françoise Régnard. Cette union restera sans enfant. Étonnamment, elle a encore presque 10 ans de plus que lui.
Enfin Pierre mourra assez jeune, puisque son acte de sépulture est daté du 2 Février 1718. Il a environ 44 ans sur l’acte.
La lecture de tous les actes afférents à ses mariages comme à la naissance de ses enfants nous a donc livré quelques informations, mais finalement très peu concernant ses métiers.
Si j’en fait la synthèse :
- 27/02/1696 Mariage N°1 Jeanne Martin : Pas de métier
- 23/11/1696 Naissance Madeleine : Pas de métier
- 26/11/1696 Décès Jeanne Martin : Pas de métier
- 22/01/1697 Mariage N° 2 Catherine Lannoy : Pas de métier
- 01/12/1697 Naissance Jean Baptiste : Pas de métier
- xx/xx/1699 Naissance de Pierre : Acte non trouvé
- 23/03/1703 Naissance d’Antoine : Pas de métier
- 15/12/1705 Naissance de Catherine : Cordonnier de Vieux
- xx/xx/1706 Décès Catherine Lannoy : Acte non trouvé
- 15/11/1706 Mariage N°3 Francoise Régnard : Joueur de Violon
- 02/02/1718 Décès : Pas de métier
Cordonnier de vieux
Le premier d’entre eux est « Cordonnier de vieux », si je vois bien ce qu’était cordonnier, la précision de vieux ne me parle guère.
En faisant quelques recherche sur l’origine du métier de cordonnier, j’ai trouvé que la corporation était assez découpée. Ainsi le cordonnier de vieux travaillait sur les chaussures usagées pour les réparer par opposition au cordonnier tout court qui lui concevait les chaussures neuves. Autant dire que le métier de Pierre à cette époque n’était pas tout à fait un métier d’art et que celui ci ne devait pas payer beaucoup.
Joueur de violon
Voici le métier qui nous intéresse, Pierre est donc joueur de violon de Menneville lors de son 3ème mariage comme le montre l’extrait de l’acte ci-dessous.
Le Violon
Instrument de musique à cordes frottées, sa création (relativement récente) remonte au 16ème siècle.
On estime qu’il est né autour de 1520 non loin de Milan.
Il se répand rapidement à travers l’Europe tant pour « l’art » et la noblesse que pour une utilisation de rue plus populaire.
Au 17ème siècle, en France, le violon est plutôt connu comme l’instrument des rues servant à faire danser.
Il est donc plus que probable que Pierre, au tout début du 18ème siècle et au vu de ses origines, fut un de ces violoneux populaires.
A-t-il joué pour la famille lors de repas organisés à la naissance de ses enfants ? Nous ne le saurons certainement jamais. En tout cas, il ne joua pas pour les noces de ces derniers puisqu’il n’assista à aucune étant décédé à 44 ans en 1718.
Ses enfants se sont mariés pour les premiers en 1724 (Jean-Baptiste et Pierre) puis en 1729 (Madeleine et Catherine) et enfin en 1731 (Antoine).
Joueur de violon … mauvaise réputation ?
En faisant mes recherches sur le violon, je suis tombé sur cet ouvrage que je souhaite partager avec vous :
On y trouve quelques petites sentences de ces messieurs les docteurs en théologie.
Page 25: Ce n’est point une mauvaise chose par elle même de jouer du violon (…) mais ce qui est innocent en soi-même, peut être corrompu par le mauvais usage et c’est ce qui arrive aux joueurs de violon. On ne peut nier que les joueurs de violon ne participent aux pêchés qui se commettent dans les danses …
Page 26 : (…) L’exposé seul est la condamnation de ceux dont il est fait mention. (Les joueurs de violon 😳) Ils ne peuvent être admis aux sacrements de l’église, qu’il ne quittent une profession qui les engage dans un si grand nombre de péchés.
Le mystère de la naissance et de l’ascendance de Pierre
Pas de registre en ligne dans la période présumée de naissance et baptème de Pierre. Il est donc difficile de connaitre avec certitude son âge et son ascendance. En effectuant quelques recherches, je me suis rendu compte que sur le forum de généalogie Nord Pas de Calais, une enquête avait été menée avec beaucoup d’acuité pour déterminer laquelle parmi deux hypothèses d’ascendance était la plus vraisemblable.
Je me suis rangé, aux conclusions qui y figurent, même s’il faudrait que je me procure les documents évoqués.
On y découvre ainsi que plusieurs Pierre DEMILLY étaient référencés à Desvres et alentour à cette époque.
Cette recherche, partagée donc avec plusieurs généalogistes, me rappelle toujours combien nos ancêtres … ne nous appartiennent pas et sont aussi les ancêtres d’un grand nombre d’autres personnes. C’est d’autant plus vrai lorsque nous remontons haut dans le temps. Ce qui, avec notre Pierre, nous amène à la fin du 17ème siècle.
L’implexe selon mon coeur
Je l’ai écrit au début de cet article, Pierre occupe une place spécifique dans mes recherches, car il est un de mes implexes, ou plutôt un des implexes de mes enfants 😊.
La dernière fille de Pierre, Catherine Marie, lors de son mariage avec François Dachicourt, aura un fils Claude François qui au bout d’une longue suite de Sosa donnera vie à mon père et donc à moi.
Le premier garçon de Pierre, Jean Baptiste, lors de son troisième mariage (avec Marie Catherine CAZIN), à travers la naissance de leur fils Jean Baptiste a donné le départ d’une lignée qui aboutira à ma … conjointe.
Pierre, Implexe selon mon coeur, est donc à la fois le SOSA 1274 et 3704 de mes enfants, faisant de ma conjointe la fille de ma cousine au 9ème degré. Merci Généanet pour le calcul, et oui une génération de décalage est survenue, mais sur presque 300 ans, ce n’est pas surprenant.
Joli ! Je comprends doublement pourquoi tu l’as choisi !
Merci Christelle
Oui cela m’a semblé une évidence, même si ce n’est pas l’ancêtre sur lequel je possède le plus d’informations.
Joli récit ! Très intéressant à lire. Merci pour cette pause ‘musicale’ 🙂